7.4 C
Rennes
vendredi, avril 26, 2024
AccueilArt et CultureUn homme sans volonté : un écrit doux-amer signé Marc Desaubliaux

Un homme sans volonté : un écrit doux-amer signé Marc Desaubliaux

Date:

Articles en Relation

Comment choisir une agence de design graphique à Paris

À Paris, où l'esthétique et la créativité sont au...

Jeux en ligne : Pourquoi ont-ils des options payantes

Dans l'univers en constante évolution des jeux en ligne,...

Découvrez votre horoscope grâce au Tarot de Marseille !

Le Tarot de Marseille est un outil puissant de...

Cryptomonnaies : le futur de la finance ou une bulle prête à éclater ?

Dans un monde où la finance traditionnelle est en...

Marc Desaubliaux est un romancier habitué à décrire avec précision les années passées. Avec une nostalgie plaisante, il ouvre les portes aux lecteurs à ce quotidien bourgeois qui lui est familier. Dans ce septième roman qu’est Un homme sans volonté, Desaubliaux expose une thématique viscérale qui n’a de cesse d’inspirer l’humanité, au-delà de son rang social. Ce sujet central est la recherche de soi et la quête d’un sens, d’une transcendance. Coupable et victime d’un ennui mortel, son personnage principal est touchant. Le lecteur se retrouve face à ses propres incertitudes et cela facilite l’immersion : ce voyage dans le passé d’une France conservatrice et attachée à l’Histoire avec un grand H. Louis Puissonier-Tavernier est l’héritier d’un nom réputé. Une famille riche implantée à Paris, au croisement du 8e et du 17e arrondissement. Dans ce tableau dynastique plein aux as, Eugénie est la sœur. Sa maladie isole considérablement Louis de son père et de sa mère, qui se focalisent sur la santé de la plus faible des deux enfants. Loin d’être l’archétype du gentilhomme obsédé par la fortune et la reconnaissance, notre héros (peu héroïque) est caractérisé par son ennui. Malgré un don évident pour la peinture, Louis se dirige lui-même vers le précipice. En dépit des prévisions sur son futur, il s’approche puis prend la fuite. Son parcours qui semble si confortable lui pose un sérieux problème. La pression de son entourage autoritaire le pousse à remplacer son paternel et de reprendre l’entreprise familiale. Pourtant, il agira autrement. Dans le doute permanent, il est contraint, du fait de sa situation de tenter de prestigieux concours dont l’entrée à l’ENA, qui forme les politiciens de demain.

Son âme d’artiste n’est pas nourrie à sa faim. Des opportunités, Louis en reçoit. Il croise le chemin d’illustres peintres, mais ses choix l’orientent dans une direction qui agace presque. Le lecteur n’a de cesse de se dire « dommage », tout en espérant une conclusion positive pour ce type étouffé par la procrastination. Une attitude dévastatrice qui exercera également un poids sur sa vie amoureuse. Entre Carole-Anne et Jeanne, son cœur balance inlassablement…

Un homme sans volonté est un roman complet à la plume classique, mais original par sa forme. Les descriptions des lieux et des personnages sont équilibrées et donnent naissance à une expérience réussie. Si l’indifférence de Louis est particulièrement mise en lumière, la justesse de la passion apparaît en contraste. Dans ce texte de vie, le petit Louis grandit sans atteindre le sommet, contrairement à ses amis et à son entourage. Certains chapitres comme l’intitulé « Christelle et Carole-Anne (février 1974) » prennent une forme très proche du théâtre. Les deux protagonistes communiquent par des tirets et lignes de dialogue. L’oralité des propos est parfaitement retranscrite grâce à une expression parfois vulgaire, qui accentue la véracité du récit brut. Car c’est bien là le cœur battant d’Un homme sans volonté : un parcours débarrassé d’artifices, partagé par de nombreuses autres personnes bien réelles. Dans ce « tourbillon de la vie », sur quelle branche Louis réussira-t-il à se poser ? Parviendra-t-il seulement à se maintenir quelque part et à s’épanouir ? La réponse est nuancée. Mais est-ce un échec pour autant ?

Un constat qui évoque presque le titre bouleversant Inachevés des Casseurs Flowters, le duo iconique d’Orelsan et Gringe : « Long à la détente, mauvais sur la longueur, à quelques millièmes de seconde de laisser passer mon heure, la tête pleine de doutes à confondre rien foutre avec patience (…) La médiocrité commence là où les passions meurent.»

À l’heure où le fossé entre générations semble se creuser, il est bon de se rappeler que, peu importent les origines, le questionnement sur soi est constant et il peut être parfois très pesant…

En conclusion, le septième roman de Marc Desaubliaux est dans la continuité de ses sujets de prédilection. C’est un instant intime, qui nous propulse dans les préoccupations d’un individu las, sur lequel le lecteur n’a aucun pouvoir d’action. Dans cette spirale impressionnante, ce voyage intérieur s’harmonise avec une série de scènes se déroulant dans différents endroits. La pensée de Louis pourrait se résumer à la question fatidique « Qui suis-je ? »… Celui ou celle qui a la prétention de détenir la réponse connaît peut-être la paix véritable.

Date de sortie : 24/01/2022

ISBN : 978-2-492375-05-7

Prix : 16€

Disponible aux éditions des auteurs des livres : https://desauteurs-deslivres.fr/product/un-homme-sans-volonte/

Voir d’autres articles dans la catégorie https://www.lemotif.fr/art-et-culture

S'inscrire

- Obtenez un accès complet au site

- Ne manquez jamais une actualité

- Naviguez gratuitement toute la journée

Articles en avant

Sponsors